A partir quand sommes nous musiciens ?

J’ai grandi, bercé par le sport, la pleine nature et la rivière. La musique, à ce moment là, je l’écoutais seulement.

Pourtant, j’ai toujours été fasciné par les musiciens sur scène. En Aveyron, département où j’ai grandi, nous avions, dans les villages alentours, des festivals, des cafés culturels qui proposaient des concerts. J’ai d’excellents souvenirs de certains d’entre eux. Notamment le premier « Skabazac » festival, avec le concert de la Ruda Salska. J’avais 15 ans …

C’était l’époque des CD gravés, un pote de la classe nous faisait découvrir les groupes de la scène alternative française : les Hurlements de Léo, les Jambons, Manu Chao, Zebda, Spook and the Guay …
Aujourd’hui, il est directeur général de la maison de production Bleu Citron !

J’ai 23 ans, je suis saisonnier, guide de raft sur la rivière Isère. Tous les jours, j’amène des gens à la découverte des rapides. Je suis jeune, je suis en pleine forme, la vie de saisonnier … Une petite voix trotte dans ma tête : « joue de l’accordéon ». Tout l’été, je garde cette idée en tête. En revenant, en Aveyron, mon salaire en poche, je commence à me renseigner : diatonique, chromatique, bouton, piano. J’appelle mes amis de la compagnie du Pti-vélo qui m’aiguille dans mes choix.

Ce sera un accordéon chromatique à touches piano. J’aime la chanson et les musiques d’Europe de l’Est. Je n’y connais rien… J’ouvre la malle, je mets l’accordéon sur les épaules et j’ouvre le soufflet en appuyant au hasard sur les boutons : ça ronfle, ça vibre, et c’est déjà hyper cool !

Je prends des cours avec Lucie Balme originaire de Moldavie, durant trois ans. Les premiers morceaux, les premières soirées, les premières jams. Je joue de la musique comme je fais du sport. Au départ, tout est coordination motrice, tirer, pousser, appuyer sur des boutons d’un coté et de l’autre. Petit à petit, l’oreille commence doucement à s’exercer …

Nico le kayakiste devient peu à peu Nico le kayakiste accordéoniste ou l’accordéoniste kayakiste. Partout, mon accordéon me suit … En voyage, en week-end, en soirée.

Je pense que toute cette période où j’ai joué, poussé par le désir d’apprendre et de partager, à forger ma vision de la musique, et la manière dont j’aime la pratiquer.

A partir de quand sommes nous musiciens ? Je ne sais pas vraiment… Suis-je musicien aujourd’hui ? C’est une bonne question. Une chose est sûre, je suis heureux d’avoir écouté cette petite voix et d’avoir suivi cette route. Aujourd’hui, j’évolue sur ce chemin fait de notes et de rencontres et c’est bien le plus important !